L’Alsace, ses marchés de Noël, ses cigognes et son riesling… bio ! Sur 170 kilomètres, la région déroule l’une des plus mythiques routes des vins. Elle serpente en douceur le long des grands crus, puis met soudain le clignotant pour s’engager sur un itinéraire bis, celui du vin nature.

Le premier domaine en vue est celui de Kirrenbourg, qui travaille en biodynamie sur cinq hectares. Face aux majestueuses vignes en terrasse du Schlossberg, l’un des cinquante-et-un grands crus d’Alsace, sa structure ultra design tout en bois et transparence ne passe pas inaperçue avec ses proportions régies par le nombre d’or.

Imaginée par l’agence locale AEA Architectes, la façade du chai revisite le traditionnel colombage avec modernité. « La structure de la charpente a été conçue sur le modèle du Mann traditionnel du colombage alsacien qui donne tout son caractère à la construction et a inspiré la création du logo du domaine (un double K inversé) », explique Samuel Tottoli, vigneron et développeur du domaine. 

L’envie d’aller voir ça de plus près devient urgente. La voiture s’engage entre les parcelles, adhère aux chemins de terre… Avec la ville et le château de Kaysersberg en toile de fond, la vue en cabriolet depuis les vignes est à couper le souffle. 

La dernière étape de cette route des vins nature sans sulfites ni intrants se cache au détour d’un virage dans le village de Rosheim. Il s’agit du Domaine Kumpf et Meyer.

Créé au cours des années 90, il a changé de mains en 2010 avec l’arrivée de Julien Albertus aux manettes. Il a commencé par convertir les 15 hectares de vignes en bio dans le but ultime de vinifier des cuvées sans le moindre intrant. Après six ans de travail acharné, Julien et son équipe ont sorti leur premier millésime entièrement nature en 2016. Ici, pas de levures exogènes ni même de soufre... En revanche, on ressent la passion de Julien pour ses vins quand on les goûte. Et encore plus lorsqu’il évoque un terroir, celui du Westerberg.

Passer quelques heures avec lui fait l’effet d’une comptine pour enfant. La sérénité de sa voix emporte, apaise, même lorsqu’il aborde le douloureux sujet du « je-m’en-foutisme » ambiant quant à la terre et tous les dommages que l’homme lui fait subir. Ses vignes sont entre de bonnes mains. On en a la conviction quand, à bord de la Mini, il nous détaille les pieds de vignes qu’il a pu soigner et ceux qu’il va bientôt planter. Il nous a parlé de gamay en souriant. En effet, il sait déjà que ça ferait scandale ici, au pays des traditions, mais il sait aussi que le vin sera bon.