Pas facile de s’installer dans l’ancienne Maison du chef Jean-Georges Klein. Triplement étoilé, il avait donné ses lettres de noblesse à cette table perdue dans la nature et en avait fait une destination à part entière. Depuis 2016, Laure et Fabien Mengus ont pourtant non seulement réussi leur entrée, mais aussi imprégné les lieux de leur identité. À L’Arnsbourg version Mengus, c’est un délicat mélange d’émotion, de précision et d’intimité qui donne le ton.

De l’émotion, bien sûr, car ce lieu incarne l’aboutissement d’un parcours qui respire le sans-faute. Fabien Mengus débute sa brillante carrière au lycée hôtelier d’Illkirch. Juste après l’obtention de son baccalauréat, il part faire ses armes au Bœuf Rouge de François Golla à Niederschaeffolsheim. Rapidement, il s’expatrie en Suisse à Ascona au célèbre Castello del Sole du groupe Relais & Châteaux.

Quelques années plus tard, en 2001, il retrouve sa terre natale et rejoint l’équipe étoilée du chef François Paul au Cygne, restaurant d’où il prend son envol après avoir contribué à l’obtention des deux étoiles de l’époque. C’est là que Laure Mengus se forme en orchestrant le service avec une douceur et une générosité toute personnelles. Afin de se préparer, sans le savoir, à l’étape d’après... celle du grand frisson survenu en août 2016 en entrant dans L’Arnsbourg, leur nouveau fief. Ils s’en souviennent comme si c’était hier. « Lorsque nous avons tourné pour la première fois la clé du restaurant qui était le nôtre, nous n’avons pas pu retenir notre émotion », témoigne Laure. « Nous tenions dans nos mains les clés d’un destin à bâtir et d’un patrimoine à respecter. Nous aurions pu être effrayés, mais plus que tout, c’est la détermination à réussir qui nous a accompagnés ce jour-là, comme tous ceux qui ont suivi depuis cette précieuse journée. » 

De la précision, pour le service de Laure et pour la cuisine du chef. Six mois après leur installation dans les lieux, ils décrochent l’étoile, cash ! La carte impressionne : queue de homard avec matignon de chou-rave à l’estragon et cannelloni à la réduction de béarnaise, agneau de Lozère en deux façons – un gigot d’agneau cuit sept heures aux épices à merguez servi avec un carré toasté au curry et une crème de haricots verts montée à l’huile d’amande douce –, cappuccino de homard version 2.0, ou encore compression de veau à la sauge et au lard Colonnata avec purée de chou-fleur, sommités de chou romanesco et jus de veau réduit. La technique, l’équilibre des saveurs, le dressage… tout est là. Et enfin, de l’intimité. Car il faut l’avouer, une fois perdus au milieu de la forêt, l’impression d’être seuls au monde prend le dessus. Une Maison unique en son genre, entièrement pensée et conçue en parfaite symbiose avec la nature vosgienne, qu’il s’agisse des matériaux ou de la décoration voulue dans un esprit à la fois contemporain et chaleureux. Véritable écrin, la forêt vosgienne se déploie tout autour de l’hôtel. À perte de vue, des conifères, des lacs, des monts et des vallons jouent subtilement sur les bleus et les verts au gré des saisons et au fil des heures. La demeure aux allures de séchoir à tabac alsacien se veut contemporaine et affiche un mix sobre entre bois et verre. Matériaux nobles et bruts, chambres intégrées dans la forêt… la signature du couple Mengus se conjugue avec une audace nouvelle, juste et harmonieuse.